Le temps hésite, vois-tu
Il hésite entre deux boîtes d’allumettes
Selon le dosage de souffre au bout des mots
Il pourrait élever la voix ou se taire
La première est pour les taiseux, les taciturnes
La seconde pour les bavards, les enivrés
Entre les grains de sable
Le temps hésite, vois-tu
Il passe ou s’arrête
Il se tâte
Il n’a rien prévu
Il se mesure comme s’il allait, venait, s’éloignait
- Trou de fourmi dans un tissu d’étoiles
Écoulement de la cire liquide
Le long de la cire solide -
Patience, semblent dire les ombres
Patience
Vous traverserez des magasins vides
Des salles combles
Vous soufflerez des étoiles, des silex
Dans les tombes ouvertes
Vous jetterez des fleurs artificielles
Rester ici ou continuer, chercher ou bien fuir
Aucune équivalence, aucune symétrie
Vous fuyez l’oubli l’absence
Et vous y êtes
Le mystère est dans la précision même du trait :
De l’allumette jaillit un feu
Du feu une étoile
Et de l’étoile un miroir
