Enfant,
Je suis tombé dans une rivière
Et la rivière a suivi son cours
Sans se déranger pour moi.
Plus loin, elle a trouvé la mer
Elle aurait pu s’arrêter là,
Oublier les caresses
D’herbes brassées
D’ombres mouvantes,
Oublier les barques tranquilles,
Les rochers, les tourbillons,
L’ivresse du chemin
Mais au lieu de cela,
La rivière s’est entêtée
Parmi les eaux, elle s’est faite un chemin d’eau
Enjambant les vagues,
Rejetant l’écume.
Elle a terminé sa course
Sur l’autre rive de l’océan
Fleuve désormais – une promotion méritée –
Sous les tropiques
Mélange d’eaux grises, vertes et bleues
Mélimélo de troncs d’arbres et de caïmans.
Enfant, dans mon rêve
J’ai nagé jusque là,
Eclaboussé sous les rires
D’autres enfants
Et parmi eux, se redressant sur la berge,
Ma fille aujourd’hui
Qui me demande le nom de ce fleuve.
Je me souviens, dit-elle, avant que j’ai pu lui répondre,
Je me souviens, dit-elle entre ses dents de lait,
Ce fleuve, papa, tu m’as déjà dit, il s’appelle
Il s’appelle « Missipipi »
« Missipipi, papa, je te dis ».
