Le jour n’est pas encore là
Le ciel est en retard.
Devant la véranda
Des arbres en imperméables
Font les cents pas.
Des portières claquent
La voisine vide les poubelles
Allume tous les robinets
Et toutes les fenêtres
Et les portes battent l’air comme s’il était vicié.
A travers le parquet
Sur le napperon brodé du frigo
Et sur les ongles de ses doigts de pied
Coule du sang frais.
La meurtrière
Ne s’est pas encore rhabillée
Elle dégaine son arme encore fumante
Pour abattre une à une les plantes du balcon
Puis elle va dans la cuisine
Boire de l’eau du robinet
Ecouter les grillons chanter
Et son cœur peu à peu se calme.
Quand en début d’après-midi
Alertée par la voisine
La police débarquera
Elle sera loin
Dans un avion
Destination Sao Paulo
Et moi, abattu froidement
D’une balle dans le dos
Par la femme que j’aimais
Alors que je lui ramenais du frigo
La bouteille de tequila entamée la veille
Et moi donc
Je ne pourrai cette fois plus rien pour elle.
© Denis Petit-Benopoulos
