
La beauté traverse le temps
Et ne se laisse pas même effleurer
Par tous les travestissements
Qui lui sont imposés
Vous croyez voir un masque
Mais c’est le désir qui vous aveugle
La beauté ne fraie pas avec l’amour
Elle refuse les privations les expédients
Et tous les jeux de captation
Érotiques ou esthétiques
Elle porte l’humain au-dessus de l’humain
Ne s’abîme pas
Ne s’abaisse pas
Toujours inattendue
Mais jamais hautaine car la laideur n’est jamais loin
Vous pouvez la broyer dans les grands cycles du temps
La vieillir sur le tissu humain
L’étreindre dans les champs magnétiques
La célébrer mais rien ne l’atteint
La beauté est là, fulgurante pour qui sait voir
Cette femme n’est plus aujourd’hui
Ses attributs humains, son nom, son prénom, sont perdus
Qui fut-elle, d’où venait-elle, que fuyait-elle, à quoi pensait-elle
Et cette photo volée aurait pu tout aussi bien n’avoir jamais été prise
La beauté n’y aurait rien perdu
Puisqu’elle nous échappe et nous appartient
Puisqu’elle s'ignore
Puisqu’elle est là,
Altière, sauvage, insolente
Sous vos yeux, dans vos bras et dans vos rêves,
Bien vivante, éternelle.
