Le voilier blanc – toutes voiles dehors
Passe l’île – amas de roches et de terre rouge, pas un arbre, pas un arbuste –
Que fit éclore
Un tremblement de terre
Voilà trois mille ans
Brisant ici toute velléité humaine –
Le port, les cargaisons
Venues d’Egypte et de Sidon.
À quelques mètres derrière le voilier,
Un zodiac en laisse
Rebondit sur les vagues.
Tout près, une île, une autre île
Qu’une langue de sable relie sous mer à la terre toute proche
Est fendue d’une falaise taillée comme un bec –
On jurerait qu’elle ne tiendra pas longtemps
Mais trois mille ans déjà ont passé.
Dans la pénombre de la chambre,
La chienne dort
Entre les jambes de Lisa.
Sous l’auvent,
Les tables sont prêtes.
Le voilier atteint l’île au bec
Et semble, à ce point, bifurquer vers le large
Où la grande île de Zákynthos
Est ce matin embrumée.
Une volée d’escaliers
Pique vers la mer par dessus les rochers.
Une silhouette s’immobilise à mi-chemin
Et semble regarder dans ma direction.
Un homme, une femme, je ne sais.
Maintenant disparu au large
Le voilier ne se devine
Qu’au zodiac
Qui jappe comme un roquet
Entre les jambes de sa maîtresse.
Une nuée de mouettes
Trace des cercles
Dans le ciel
Puis regagne l’horizon
Où déjà se referme
La paupière embrasée du soleil.
© Denis Petit-Benopoulos
