Je glisse la tête
Sous l’oreiller
Pour ne plus entendre
Le chien qui aboie,
Les motos.
Depuis cinq heures du matin
Je ne dors plus
Mais je rêve encore.
Tout à l’heure, avec les filles,
Nous irons voir les tortues
Qui boudent sous les guirlandes de cactus.
La plus petite court devant
Aux basques de la plus grande
Et cela fait rire aux éclats
Lisa qui n’a que deux ans.
Elle voudrait bien en prendre une dans les bras
Mais elles n’aiment pas ça, les tortues.
Ce ne sont pas des chats.
Elles battent des ailes dans le vide, elles se fâchent.
J’entends
Au second
La télé déjà allumée,
Quelqu’un qui tire la chasse,
Une voix encrassée par le tabac.
Ma mère
Dans le salon
Fait remarquer
Que jamais
Les chiures de pigeons
Sur la balustrade ne partiront.
Il faut tout repeindre en blanc, faire le vide
Et réparer la chasse.
Tu sais bien, murmure une autre voix,
Qu’un poème, ça ne marche pas comme ça,
Sur deux pieds, sur une voix,
Sur deux étages,
Qu’il faut s’y prendre autrement.
Si seulement le veilleur de nuit
N’avait pas de chien
Peut-être songerai-je à me ranger
À me lever de bonne heure
Pour aller nager seul
Dans l’eau encore fraîche
Avant l’arrivée des premiers baigneurs
Avant les premières pensées
Qui me viennent en bouche
Quand je ne pense à rien.
