
Écrire un poème
Ne fera pas l’affaire -
Trop facile.
Cela ne suffit pas.
Et ne mène à rien
Puisqu’à la fin
On se demande d’où ça vient.
Il n’y a qu’à se mettre en marche
Sur un chemin
N’importe lequel
Planté dans la terre encore humide –
Il a plu toute la nuit.
Marcher
En commençant par ce qui se trouve là
Et qui se meurt d’inattention –
Le chant d’un oiseau
Le frisson des feuilles dans le vent
Le sursaut des branches des pierres – renard ou belette
L’aboiement d’un chien qu’on ne voit pas.
Écrire un poème
À la croisée des chemins
Celui-ci
Puis un autre
Qu’apporte le flux des pensées.
Ce n’est rien
Une pensée de poème
Des mots pris aux mots
Dans un enfantement de soi –
Le bris de l’eau sur la butée
Le fouillis des ronces
La jactance d’un oiseau haut perché.
Puis s’entendre dire :
« Pardon, monsieur
Savez-vous où mène ce chemin ? ».
Le chemin s’arrête là –
Comme le poème que tu avais en tête
Avec ses rimes
Ses rebuts
Ses détours
Avec sa médecine d’herbe folles
Et de folie douce.